Deux heures et demi avant minuit
Il reste deux heures et demie avant minuit... La nuit est tombée depuis longtemps. Le froid m'engourdit tout le corps. Surtout les doigts et le nez, à vif. Je remonte les pavés luisants de la rue Carmillon. La pluie vient tout juste de s'arrêter, la ville est déserte, les petits ampoules de l'éclairage municipal distillent une lumière cuivrée. Le poids des années, et la rouille... J'ai l'impression de traverser une ville fantôme, qui aurait traversé la seconde moitité du XXè siècle d'un seul coup. Seuls les habitants ont marqué les années. Je croise une grand-mère, courbée. Aucun mot échangé, juste un sourire timide... Je me retourne, elle a déjà disparu. Je continue à remonter la rue, je tourne à Baravielle, puis Reboutu. Au loin les lumières sur les collines avoisinantes clignotent, pour signaler les petites vies qui se déroulent, là-bas, petite trace d'insignifiance... Je tourne encore, continuant à monter la colline. Je croise une jeune femme, la peau très lisse, pure, claire. Elle passe sans me voir, les yeux dans le vague, d'une beauté atemporelle, elle ne semble pas marcher sur le sol luisant... Je la regarde passer dans un léger souffle, qui me glace le visage encore plus. Je ne sens plus mes doigts. Je continue à marcher, et petit à petit, je passe les dernières maisons, les derniers lampadaires, aussi... Finie la lumière cuivrée, place au teint blafard de la Lune presque pleine, qui guide mes pas de plus en plus engourdis.... Je crois une petite fille, en unfiorme d'écolière, les cheveux blonds comme les blés.. Elle sautille et chantonne, en redescendant de la forêt de sapins.. Tout comme la jeune femme, elle ne me voit pas et laisse un souffle glacé en me croisant.... Je vois mes mains, mes doigts sont bleus banquise, avec une legère transparence cristalline... Je marche, encore, vers la forêt, les premiers arbres, et cet air toujours plus glacial. Je ne sens plus me membres, et je m'enfonce, dans cette forêt sombre, si sombre.....
Il reste deux heures et demie avant minuit... La nuit est tombée depuis longtemps. Le froid m'engourdit tout le corps. Surtout les doigts et le nez, à vif. Je remonte les pavés luisants de la rue Carmillon. La pluie vient tout juste de s'arrêter, la ville est déserte, les petits ampoules de l'éclairage municipal distillent une lumière cuivrée. Le poids des années, et la rouille... Une petite affiche déchirée est aposée sur le mur, juste sous la lumière.. Je ne l'avais jamais vue... Elle a l'air de dater de plusieurs dizaines d'années, le papier est complètement jauni... A.v.. .. re.he..e... C'est un avis de recherche... Une photo, délavée, livide.... Un jeune homme, sur la photo.....
Moi