Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Un jour de plus...
24 novembre 2004

La Chute

"Je savais exactement ce qu'on ressentait - la longue chute, son accélération si effrayante que l'esprit ne peut l'accommoder, et tandis que cette effarante vitesse se fait plus distante, le cerveau sombre dans une résignation muette, exceptée cette question sans réponse : est-ce que ça va faire mal ? Moi aussi, une fois, j'ai expérimenté cette interminable chute, tête la première.
Pure bénédiction, il n'était alors plus temps d'avoir peur. La vie m'échappait à une telle rapidité que je n'avais pas le temps de m'y agripper, seulement d'enregistrer, muet, ce qui se passait, apaisé par ma propre impuissance. J'avais ressenti un faible sursaut de colère avortée, un vague ressentiment devant une telle injustice, avant de plonger presque aussitôt dans le noir, écrasé par l'impact dans une inconscience indolore. C'est seulement en m'éveillant, et en luttant pour émerger dans une conscience brumeuse et choquée, que j'avais commencé à sentir la douleur.
Avec la résignation m'était venu un sentiment de paix, comme une bulle de tranquilité qui m'abritait de la violence tourbillonnante de la chute. Je m'étais facilement abandonné à ce calme, acceptant sans révolte mon impuissance. C'était fini. Cette paix n'était troublée que par une frayeur sourde et douloureuse. Rien d'autre : pas de terreur, pas de hurlement frénétique pendant la chute - juste une paralysie résignée."
Joe Simpson, La Dernière Course

Publicité
Commentaires
D
... triste échos...
Publicité
Archives
Publicité